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Claire Pothier, première femme à commander une frégate

Il n’y a que quinze frégates de premier rang dans la Marine nationale. Pour la première fois, l’une d’elles, la FLF Guépratte, vient d’être confiée à une femme, le capitaine de frégate Claire Pothier. Elle avait déjà commandé un patrouilleur de haute mer, le Commandant L’Herminier, en 2007-2009.

La cérémonie de prise de commandement du Guépratte s’est déroulée dans la matinée du vendredi 15 janvier à Toulon. Le vice-amiral d’escadre Denis Béraud, commandant la force d’action navale, a fait reconnaître Claire Pothier comme nouveau commandant de ce bâtiment de combat.

Auparavant, cette polytechnicienne avait aussi passé brillamment l’Ecole de guerre. En parallèle, elle avait planché sur la Fremm, qui a alimenté quatre lignes différentes de son CV, à deux reprises au poste de second (Provence et Languedoc en 2014 et 2015), ainsi que dans la conception (2007) et en support (2015).

En 2015, elle a également détachée en planification à l’état-major du CENTCOM – en charge des opérations au Moyen-Orient – à Tampa (Floride).

La femme la plus gradée dans la Marine est la vice-amirale Anne Cullerre, en charge des opérations de la marine (ALOPS). Elle avait elle-même commandé un bâtiment océanographique, le D’Entrecasteaux. ( Publié le 15/01/2016 sur le site le Marin, lemarin.fr, le site de l’économie maritime).

 

Chantal Desbordes : comment je suis parvenue au grade de contre-amiral

(Publié le 5 February, 2014  par Jean-Pierre Largillet sur le site WebTimeMEDIAS)

Invitée à l’EDHEC de Nice par l’association Femme 3000, la première femme amiral dans l’histoire de la marine nationale a retracé le long chemin qui l’a mené dans les plus hauts de la hiérarchie militaire. Un parcours singulier qui renvoie à la place et au rôle des femmes dans un milieu combattant, maritime et, à une écrasante majorité, masculin. Voici son témoignage…

Pour lire l’intégralité de cet article, voyez le lien suivant :

Chantal Desbordes, contre amiral

Pas de jupes à bord ! officier féminin de la Marine, 1973-2000

Parution du livre le 12 avril 2011 – C. Bertrand relate son combat pour faire évoluer les mentalités d’une institution peu féminisée. Au cours de 28 ans de carrière, alors qu’elles ne sont que 12 femmes à partager ce statut, le règlement des officiers féminins ne lui a jamais permis d’embarquer.

A 12 ans, des rêves plein la tête, Catherine Bertrand-Gannerie se décide : elle entrera dans la marine. La mer, l’uniforme, le prestige et l’action… Après des études littéraires, elle pousse enfin la porte étroite mais suffisante pour intégrer la marine. Elle gravit la hiérarchie des officiers féminins jusqu’aux « cinq panachés ». Elle fait partie de cette génération d’officiers privés de poser leur sac à bord des bâtiments de la marine. Ce qui ne l’empêche pas, de Brest à Carpiquet, de Paris à Lann-Bihoué, de lutter au quotidien pour faire évoluer le statut des personnels féminins, de pourfendre la misogynie qui règne dans ce bastion masculin, de se battre pour obtenir les appellations réglementaires et le port du sabre. En tricorne et boutons dorés, elle raconte librement vingt-huit ans de carrière, avouant ses faux pas, ses lacunes, ses déceptions, évoquant la solitude et les conflits relationnels. Elle dit aussi ses enthousiasmes, ses passions et ses joies. Mais la fierté de ses 14 Juillet sur les pavés parisiens ou la griserie des sorties occasionnelles en mer ne cachent pas l’amertume de n’avoir pu servir à bord, ni le désenchantement d’être passée à côté du rêve.

Catherine BERTRAND-GANNERIE, a mené une carrière de vingt-huit ans dans le corps des officiers féminins de la Marine nationale. Diplômée en lettres et en histoire, elle a présenté un mémoire de maîtrise sur la vie quotidienne des femmes militaires pendant la Seconde Guerre mondiale.

Extrait du livre :

juin 2000

La Marine, j’en ai toujours rêvé.

Alors, quand une brèche fendilla ce monde clos, je m’y engouffrai avec enthousiasme.

Dans le couloir d’internat où la Marine tenait parqués ses élèves officiers et officiers mariniers féminins, une silhouette se dressa :

– Attention ! Fille de civils… Dans la Marine, on ne confond pas les torchons et les serviettes !

– Mais qui sont les torchons ? Et qui, les serviettes ? demandai-je avec naïveté.

Outrée, la silhouette galonnée s’éloigna.

Je compris que je le découvrirais toute seule.

Je rencontrai des torchons, damassés comme des nappes de mariage. Et des serviettes, modestes comme des torchons. Comment savoir ? Je sentis qu’il faudrait naviguer à l’estime. Et aussi se battre pour obtenir le respect, l’égalité, l’embarquement, le port du sabre, l’appellation par le grade et non cet égrillard «Madame ou mademoiselle ?» ou encore l’emploi à sens unique du prénom ; ou, cavalier – «Au nom de l’égalité, c’est ce que vous voulez, non ?» – du patronyme. Et encore, refuser le paternalisme, le machisme, les privautés et la mise à l’épreuve.

Un jour, la porte s’ouvrit enfin, si brutalement que je la reçus en pleine figure : on embarquait les jeunes générations.

Moi, je restais sur le quai ; à défaut de partir sur la mer, j’avais choisi d’être mère.

Mais je naviguai quand même, en escarpins sur une corde raide, boitant sur une formation jamais complètement acquise, me mesurant dans des combats quotidiens à ceux que les armées reconnaissaient comme leurs depuis toujours, évitant les peaux de banane et les humiliations.

Heureusement, il y avait les serviettes, celles qui encouragent, qui font confiance, qui soufflent la bonne réponse, qui font à votre place, discrètement, quand on ne sait pas.

Dernièrement sur le port, les mains au fond des poches, j’ai croisé une silhouette familière entre toutes, ma cadette de trente ans. Elle regardait, vers le large, le rêve aux voiles fanées qui disparaissait dans la brume. Elle me tendit un parchemin humide, mangé par le sel. J’y lus : «Aurais pu mieux faire.»

Auteur : Catherine Bertrand-Gannerie

Catherine Bertrand-Gannerie

Éditeur : Ouest-France, Rennes